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CROISSANCEPLUS
5 mars 2013

MEDECINE TRADITIONNELLE AU GABON, une Interview de Maxime KAMGA F.

CONTRIBUTION DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE A L’EMERGENCE

Entretien avec le Pr Henri Paul BOUROBOU BOUROBOU, Directeur de l’Institut de Pharmacopée et de Médecine Traditionnelle (IPHAMETRA)

« Nous avons initié la mise en place d’un  schéma type de collaboration  avec les tradipraticiens »

Au cours de l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder, le Professeur BOUROBOU nous a fait parcourir le rapport de stage d’un de ses étudiants. L’étude a été menée pendant un mois et le rapport révèle que sur 74 patients suivis au sein de l’IPHAMETRA à cette période, 54 % ont présenté des pathologies liés à la malédiction tels que le fusil nocturne, la gale aux pieds, le Mboumba, les boutons au visage, crampes aux mains, VIH SIDA. Si cette étude mérite – avant d’en tirer des conclusions – d’être approfondie aux plans qualité et quantité des données, elle a le mérite de montrer tout de même que le Gabon est condamné à organiser son secteur de la médecine traditionnelle. Et cette nécessité, les autorités publiques l’ont compris. L’objectif du gouvernement à travers la création de l’IPHAMETRA, c’est de mettre en place une synergie entre trois médecines notamment occidentale, africaine et orientale (chinoise). En confrontant ces trois médecines, l’IPHAMETRA s’est rendu compte de l’efficacité de certaines recettes traditionnelles sur des maladies difficiles à classer par les autres médecines. Un constat qui fait dire aux chercheurs de l’IPHAMETRA qu’au lieu de continuer à diaboliser les tradipraticiens, il faut plutôt mettre en place un cadre de collaboration pour le bien de nos malades. C’est justement ce que tente de démontrer le Professeur BOUROBOU tout au long de cet entretien.

Propos recueillis par Maxime KAMGA F.

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Croissance+ : Bonjour Professeur BOUROBOU !

Parlez nous de l’IPHAMETRA pour situer nos lecteurs d’entrée de jeu

Pr BOUROBOU :

  Je dis d’abord merci à votre journal pour l’intérêt qu’il accorde à nos activités. Des activités importantes qui méritent d’être vulgarisées. L’IPHAMETRA dont je suis le Directeur est un institut du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (Cenarest). Cet institut s’occupe de tous les aspects relatifs à l’étude des plantes, de la flore du Gabon ainsi que des aspects liés à la pharmacopée et à la médecine traditionnelle.

Les grandes lignes de nos activités sont : premièrement, étudier la flore, donc les plantes du Gabon sur les plans de la description, de l’écologie, des médicaments. Ensuite, nous avons la charge de valoriser notre pharmacopée et notre médecine traditionnelle.

Selon vos archives, l’IPHAMETRA est né en 1976. Pourquoi c’est aujourd’hui ou encore ces dernières années que l’institut à tendance à plus vulgariser ses activités et à être connu du grand public ?

Les raisons sont diverses ! l’IPHAMETRA se fait de plus en plus connaître ces dernières années grâce à l’apport des médias qui ont compris la nécessité de promouvoir de plus en plus nos activités, et bien plus, nos découvertes. Voyez vous, si  l’Afrique a pris du retard, c’est justement parce que nous avons souvent eu honte de montrer aux autres ce que nous savons. Nos hommes de médias ont tôt compris que le paradis n’est pas ailleurs. Et du coup, la tendance s’inverse au cours de ces dernières années.

En dehors des médias, il faut aussi souligner le dynamisme des autorités actuelles qui mettent els moyens à notre disposition notamment le Président de la République qui a instruit le Premier Ministre, qui, à son tour,  a chargé me ministre de l’Education nationale de cette mission. Tout part du projet et des aspirations du Chef de l’Etat notamment sur le volet Gabon vert.

Ces moyens mis à notre disposition nous ont permis de participer durant ces dernières années  à des Foires et à  des Expositions parce qu’il faut très souvent sortir pour se faire connaître. Et à travers ces sorties, nous montrons de quoi nous sommes capables notamment les médicaments découverts, la description des plantes. Donc pour ces dernières, c’est grâce à la volonté du Chef de l’Etat et des médias que  - de plus en plus  - notre institut est connu.

Mais avant tout cela, il faut revenir sur une année fard de l’IPHAMETRA : le 16 Août 2006, lorsque le Président Omar BONGO (paix à son âme) inaugure le siège de notre institut. A l’occasion de cette inauguration, nous produisons – le Dr RONDI et moi-deux médicaments dénommés ELLICODOUL  et DOUKADOU contre les rhumatismes. Ces deux produits lancent la production des médicaments à l’IPHAMETRA . Avant cela, il n y avait encore aucun phytomédicament produit. Ces deux médicaments ont fasciné le Président Omar BONGO puisque le discours entretenu au Palais, c’était celui selon lequel les Gabonais ne valent rien. Ces médicaments étaient pour lui la preuve du contraire. Voilà !

 

Alors professeur, nous allons beaucoup plus nous intéresser à présent au volet découvertes des médicaments. Quels sont jusqu’ici les phytomédicaments sortis de votre institut ?

Ecoutez ! en dehors des deux médicaments précédemment cités, nous avons sorti des médicaments tels que : L’IBOGA GEL (en gélules) pour lutter contre la fatigue ; le PALMILANT du Docteur RONDI qui a eu le prix Camest 2009. C’est un médicament qui présente des propriétés antibiotiques, antalgiques, anti-inflammatoires  et cicatrisantes ;

On note également L’HYDROCOMB contre les boutons de rasage et les piqûres de moustiques ; Le NAPODIAB contre le diabète ; l’IRONA contre la toux grasse et sèche et le CYCLICRAMP contre les crampes et bien d’autres découvertes qui seront bientôt vulgarisées.

 

 

Côté médecine traditionnelle, l’IPHAMETRA collabore avec les Tradipraticiens selon un type de partenariat bien défini. Parlez nous de ce type de PARTENARIAT?

Effectivement nous avons mis en place un partenariat IPHAMETRA-TRADIPRATICIENS. Ce partenariat est mis en place grâce au Forum de Partenariats « Public-Privé » pour une gouvernance universitaire innovante organisé par le Ministère de l’Education Nationale, sous le haut patronage du Président de la République.

Ce Forum nous a ouvert beaucoup de voies. Avant le Forum, nous – à l’IPHAMETRA- on ne savait pas trop comment travailler avec  les tradipraticiens. On les considérait  comme des pauvres gens, sans éducation, sans diplômes. On a oublié que si nous sommes en retard en Afrique, c’est parce qu’on a toujours mis en avant le diplôme et non les compétences.

Au sortir de ce Forum et après avoir mis de côté les à-priori,  j’ai initié la mise en place d’un « schéma type de collaboration » avec les tradipraticiens. Ce schéma a été appuyé par la loi portant orientation générale de l’Education, de la formation et de la Recherche en son article 68. Au regard de cet article, j’ai défini un partenariat  facile. Premièrement, pour tout ce qui touche aux aspects explicables notamment pharmacopée et phytothérapie. On collabore avec les tradipraticiens qui vendent  leurs médicaments à nos patients. En retour, nous étudions ces médicaments pour en sortir des phytomédicaments. Et une fois le phytomédicament produit, une part des vents est reversée au tradipraticien et l’autre à l’IPHAMETRA.

La deuxième approche de ce partenariat avec les tradipraticiens concerne tout ce qui touche aux aspects inexplicables notamment quand il s’agit d’un patient victime du fusil nocturne ou de folie. Il arrive à l’IPHAMETRA, nous regardons notre banque de données des tradipraticiens opérant dans ces domaines. Ensuite on oriente le patient vers celui jugé compétent , sans plus.

L’essence de la médecine traditionnelle, c’est à la fois l’explicable, mais aussi l’inexplicable. L’IPHAMETRA – à travers ce schéma type de collaboration –met autour de ces deux aspects de la recherche.

 

 

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Commentaires
M
il y a un travail assez élogieux du Dr MBA BITOME visant à mettre en place une structure commune de travail de médecine moderne et traditionnelle, évitons les redites de décennies sans suite .ressuscitons les vieilles et bonnes recherche et sauvons les nécessiteux.<br /> <br /> merci pour les efforts et courage.
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